Le Portrait de Juliette

par | Portraits

« Tout le monde sait danser, dans le bon contexte, au bon moment et avec la bonne musique. »

En plus d’avoir été mon sujet de diplôme, cette phrase pourrait être un bon résumé de ma philosophie de vie et de travail : dans un monde qui laisse difficilement les hypersensibles, les plus vulnérables ou les plus créatifs entrer dans la danse, j’ai choisi de rejoindre le bal au rythme de ma sensibilité.

Depuis toujours, je capte les ondes de mon entourage de façon amplifiée. Ma réceptivité aux émotions est une singularité, mais surtout une force et un potentiel de créativité immense, grâce auquel je me remets en question autant que je prends du recul sur le monde qui m’entoure. De mon enfance passée en Argentine, je garde le goût de l’entraide et de la solidarité, ainsi qu’un profond sens de la communauté. qui font depuis partie également de mon ADN et mon disque dur cérébral. Toutes ces caractéristiques font aujourd’hui ma richesse et ma singularité.

Pour moi, le défi est constant, dans un cadre professionnel où les injonctions paradoxales et autres dissonances se bousculent. Dans les entreprises, la créativité est recherchée, mais elle doit souvent aller de pair avec un moule qui tait les singularités et impose aux salariés de rentrer dans des cases. Quand on se sait différente, l’adaptation est complexe.

Mon parcours d’études riche et varié ne m’a pas préparée à ces codes étriqués. À l’issue d’un bac littéraire, j’ai rejoint les bancs d’un DU en psychologie clinique, dont les enseignements me passionnent aujourd’hui encore. Pourtant, j’ai rapidement compris que j’étais trop sensible au mal-être d’autrui pour faire de la psychologie ma vocation. J’ai donc expérimenté par ailleurs pour trouver l’équilibre nécessaire à mon épanouissement et à la préservation de mon énergie.

Ainsi, j’ai testé de nombreuses pratiques : la neurologie, la méditation, le tricot, le yoga, le dessin… m’ont permis de développer des singularités peu valorisées dans le milieu professionnel.

Constatant que « dire » ne suffit pas toujours à se faire comprendre, j’ai appris à m’exprimer différemment. Afin de mettre à profit mon talent pour l’art et le dessin que je pratique depuis que je sais tenir un crayon, j’ai décidé d’aller encore plus loin et de me former.

Aussi, j’ai pratiqué le design et la communication visuelle en classe prépa, puis à l’ESAT à Paris. Pendant cinq ans, j’ai repoussé les limites de ma créativité et de ma technique de dessin. J’ai appris à composer avec des contraintes créatrices, mais aussi fait de nombreuses découvertes, comme l’animation vidéo ou la danse. La communication visuelle est devenue ma vocation.

Une première expérience professionnelle dans l’univers de la musique, m’a permis de côtoyer pendant quelques temps le monde enivrant, mais aussi agressif, mysogine et énergivore des concerts. Je n’y suis pas restée, j’ai choisi de me préserver. Malgré les difficultés, les pauses et les doutes, j’ai continué de chercher ma voie, me présentant parfois là où on ne m’attendait pas. C’est ainsi que j’ai créé et saisi des opportunités chez France TV en tant que graphiste, puis chez Netflix.

Grâce à ces multiples expériences, j’ai pris très tôt conscience de l’influence de mon environnement de travail sur ma santé, physique et mentale. Cette dernière en particulier, a été mise à mal par les exigences de ces entreprises. En quête d’un ailleurs plus doux, j’ai quitté mon travail, et Paris.

À Lyon, j’ai travaillé en tant qu’illustratrice au sein d’une startup spécialisée en journalisme web. Malgré mon intérêt pour les sujets de société que j’ai participé à clarifier, j’ai dû m’y battre à nouveau pour faire face à des vampires émotionnels. La violence était ordinaire, mais quotidienne. En dépit des signes et des avertissements de mon médecin, j’ai tenté de persévérer, avant de déclarer forfait au bout de quelques mois.

Cette pause forcée a révélé l’urgence de réintégrer la bienveillance à mon cadre professionnel, mais aussi l’indépendance : je suis devenue entrepreneuse. Ce défi aussi a été de taille. C’est pendant ces premiers mois d’indépendance, avant d’avoir trouvé et affirmé mon rythme auprès de mes clients, que le burnout a réellement commencé, ainsi que la convalescence.

Quand j’ai finalement repris le travail, c’était à la condition d’établir des limites claires. En rejoignant le collectif Karmony et WeAct4Earth et en choisissant de travailler uniquement avec des clients engagés pour la protection de la biodiversité, je m’attache désormais à rendre à la Nature ce que cette dernière m’a apporté sur son chemin de guérison. Si je sais où je veux aller, je sais surtout comment je souhaite y parvenir. Une charte de travail me guide et agit également comme un outil de sensibilisation auprès de mon entourage. Ce cadre de références partagées est indispensable à notre bonne collaboration.

En tant que Directrice Artistique, je conçois au quotidien des idées et les traduis visuellement pour mes clients. Mon approche poétique du quotidien et de son écologie se nourrit d’une qualité d’écoute sincère et consciente. J’ai fait l’expérience du temps dont mon ouvrage a besoin pour maturer et atteindre son plein potentiel, et j’éduque aussi mes clients au temps long, celui de la qualité. Suite à ma convalescence et au repos forcé, qui ont silencieusement nourri ma créativité, j’ai finalement trouvé ma voie(x) : la Communication Visuelle Non Violente.

Je n’ai pas envie de faire « comme tout le monde », puisque je ne le suis pas. Si je m’inscris moi aussi dans le temps long par mon inspiration des techniques des grands peintres, j’ai envie d’y ajouter une touche de modernité, ma volonté de casser les codes.

Avec les autres, j’ai remplacé la compétition par l’émulation, la collaboration et la coopération. Avec moi-même, je cherche l’alignement tête-cœur-corps, entre mes valeurs, mes émotions et mes ressentis. Tout cela au service de la biodiversité. Car c’est dans la Nature au rythme simple et sain, que je me suis sentie le plus respectée humainement. L’écologie de ces trois écosystèmes, avec les autres, avec moi-même et avec la Nature, constitue mon équilibre.

Au-delà du potentiel créatif, ma sensibilité est devenue une force, qui m’a permis de mieux me connaître et d’affronter les dragons de la vie. L’histoire m’a prouvé qu’on peut être douce, vulnérable et singulière, tout en faisant bouger les lignes : il y a toujours un moyen de danser la vie. Désormais, c’est ce que j’aspire à communiquer visuellement à travers chaque projet que je conçois, en rythme avec mes clients.

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